Rénovation d’une ancienne soue à cochon dans le Morbihan

En 2011, nous achetons notre maison en Bretagne. Sur le terrain se trouve, coincé entre quelques hauts sapins, un bâtiment en pierre qui servait de porcherie. Ici on dit une « soue à cochon ». Les enfants des premiers propriétaires nous racontent que ce bâtiment servait à loger les truies et faire naitre les cochonnets de la ferme.

Lorsque nous achetons la maison, ce bâtiment sert essentiellement à l’entreposage de choses. Tel un grenier ou un garage, on y retrouve des pot de peintures, un escalier, des cartons, beaucoup de vieux outils….

Pour ce qui est de son état, il est un peu triste mais tout de même, elle a eu la chance d’être solidement couverte par une bâche couleur bleu roi afin de combler les trous présents dans la toiture. Elle prend l’eau mais pas trop. Tant mieux. Elle se dissimule entre de grands sapins et un chêne qui pousse au pied du pignon.

Je n’y connaissais rien à l’époque au bâtiment en pierre mais j’avais remarqué que les linteaux en chênes était en mauvais état, qu’elle était constamment humide à cause des arbres qui l’entouraient et qu’une large fente traversait le pignon côté rue (observateur le gars !)

De nombreuses étapes avant de vraiment commencer

Commence alors l’Histoire de la soue à cochon. Une histoire qui se caractérise par beaucoup d’hésitations, de tâtonnements, beaucoup de débuts, de longues périodes entre différentes phases, beaucoup de questions, d’inquiétudes qui hantent (voire rongent) l’esprit. Mais aussi une multitudes de petites victoires, de sourires, de coups de mains, de plans et de rêves !

Car oui, ce petit bâtiment nous fait rêver mais il ne se trouve pas dans les priorités de notre jeune couple, fraîchement breton, qui veut d’abord réhabiliter une partie du bâtiment principal pour en faire l’actuel gîte de Tante Phonsine.

Après seulement quelques mois sur place, nous demandons déjà des conseils, des devis, des avis. Refaire le toit en ardoises traditionnelles coûterait 4000€. Un copain nous parle d’une toiture en Douglas, une toiture en bardeaux de bois cela nous plaît et de plus, ne couterait que la moitié du précédent devis.
Pour la fissure au pignon, nous demandons l’avis de différents maçons, des professionnels et des amateurs. Pour consolider la structure on nous parle de ceinture en béton, de pilier venant soutenir les côtés, de démolition et de croix de Saint André. Nous récoltons des avis et des devis mais personne n’a la même explication au problème et aucune des solutions envisagées ne nous satisfait.
Et puis de toute façon, nous n’avons pas encore les fonds !

Alors on la fait respirer..

Mars 2014

Suite aux orages de 2013 qui inondent la cave de la maison, nous prenons la décision un an plus tard, de décaisser tout autour de la maison et de modifier un peu le relief du terrain. Agencer un jardin en espaliers et enlever quelques sapins pour laisser respirer ce petit bâtiment qui nous fait toujours autant rêver.

De bonnes surprises apparaissent alors : le bâtiment est profondément encré dans le sol, ce qui permettra de le décaisser et d’avoir sans travail supplémentaire des ouvertures de plus de 2 mètres.

On déracine les deux chênes qui poussent au pied de la maison et qui menacent les murs ainsi que la toiture. Un des deux chênes nous plait vraiment, la décision de l’enlever n’est pas facile à prendre. Alors, après lui avoir expliqué la situation, nous le déracinons.

On en profite aussi pour amener des tuyaux d’eau, des cables électrique, téléphone et coaxial au pied du pignon via une tranchée qui part du gîte de Tante Phonsine. Il ne restera « plus qu’à » faire passer tout ce petit monde sous le mur du pignon… Un nouveau tourment que je mettrais des mois à réaliser.

Vider vider vider

Mai 2015

Avant de commencer un chantier, je commence toujours par le nettoyer. Faire le vide, le mettre à nu. Ici, il s’agit de vider un débarras, un tas de choses à déplacer, reclasser, déclasser, jeter. Des copains viennent nous aider et en 4 heures très intenses, nous voilà avec un joli petit bâtiment tout vide, prêt à recevoir ses premières traces de relooking.

On casse la dalle et on creuse ?

Mai 2015

C’est la deuxième fois que je casse une dalle dans ma vie, ça m’impressionne moins et me motive toujours autant. C’est comme les premiers pas du chantier, faire table rase pour pouvoir recommencer à zéro. Partir du sol, de la terre.

Je loue donc un marteau pic’ et reçoit l’aide extraordinaire de mon voisin qui me dépose une remorque juste devant le bâtiment : il a un trou d’eau à combler et je peux donc lui déposer tout les gravats. Merveilleux ! Par expérience je dois dois dire que c’est une aide très précieuse.

Ensuite je

Refaire ou ne pas refaire ? Et si faire, quoi faire ?

Juillet 2015 ?

La question de ce pignon devient une hantise. Que faire avec cette fissure ? Finalement je prends la décision de ne pas refaire, me disant qu’il est fendu depuis bien longtemps et que les pierres ne risquent pas de bouger de sitôt.

Je décide donc de commencer le chantier. D’abord j’estime que démonter le toit afin de rapidement remettre une charpente dessus est une saine idée, cela nous permettra de préserver les murs et de pouvoir commencer à travailler à l’intérieur.

Je monte donc dessus avec un ami et débute ainsi la première grosse intervention sur notre petit rêve de pierre, nous sommes en juillet 2015 et la soue restera sans toit jusqu’en novembre 2018… Trois ans à prendre l’eau, trois ans à me ronger les os.

Quelques broutilles des pierres et on commence le toit

Septembre 2016

Après avoir démonté le toit, il s’agit de réparer ce qui doit l’être, à commencer par les linteaux se trouvant au dessus de la fente : L’écartement des pierres les ont rendus trop court, il faut donc en mettre d’autres, plus long.

Malgré le fait que je n’avais jamais maçonné, je me lance dans cette entreprise périlleuses et pleines de questions sans réponses. Il s’agit de refaire le dessus des murs afin de réaliser une arase bien plate qui recevra les lices basses de la charpente. Aujourd’hui le dessus des murs présente deux hauteurs différentes, il faut donc combler la plus petite ainsi que l’emplacement des corbelets qui ne seront plus utile..

Trop pour moi en fait. J’arrête finalement le chantier quelques jours après son commencement. Les murs resteront ainsi pendant plus de deux ans…

Creuser un tunel qui unifie

Avril 2017

Un matin je décide de m’atteler à ce fantôme qui rôde dans mon esprit depuis 4 ans, faire passer les gaines sous le pignon. Depuis quatre ans je me demande comment faire et surtout si je vais y arriver… Cela me semble être une montagne à déplacer. C’est sans doute pour cela que je repousse d’autant ce chantier.

Et pourtant, ça se fait plutôt bien. Je creuse un tunnel avec différents outils et arrive avec force et persévérance à faire passer tout ce petit monde de l’autre côté de la frontière de pierre.

Malheureusement, dans cet exercice je n’arrive pas à éviter de plier un des deux tuyaux PE, je pense que cela n’aura pas de conséquence mais c’est un point à vérifier dans le temps. Oups !

Ensuite je coule du ciment dans le trou, histoire de soutenir la terre et rebouche proprement mon oeuvre. Je continue en développant le réseau d’évacuations et en plaçant des embouchures là où il y en aura besoin, selon le plan du moment. Pour la petite histoire, le plan d’aménagement ayant changé de nombreuses fois, j’ai par après modifié quatre fois le réseau d’évacuations !! A chaque fois je refermais mes tranchées proprement pour ensuite tout recreuser et déplacer… Mais comme dit le proverbe : faire et défaire c’est toujours avancer. En fait non, le dicton dit que faire et défaire c’est toujours travailler, donc je travaille et j’avance, et ça c’est bien.

C’est quand qu’on va où ?

Maintenant que le bâtiment est « viabilisé » au niveau des arrivée et sorties, il reste toujours le problème des murs et du pignon. Je n’ai pas l’énergie ni l’envie de m’y atteler. Donc le chantier est mis en attente..

On continue les plans, un ami architecte nous aide… On tâtonne, on hésite, on change d’idées…

Durant ce temps, je demande l’avais à un ami maçon qui lui, prend vraiment le temps de comprendre ce qui crée cette fissure dans le pignon. Nous découvrons en fait que celui-ci ne s’ouvre pas comme le pensions depuis le début.
En réalité un côté du pignon s’enfonce dans le sol : il semble que le coin gauche du pignon souffre d’un sol instable, ou devenu instable par le creusement du fossé ou la mise en place du poteau électrique et que ce coin est descendu de quelques centimètres.
Ce qui nous fait penser que les travaux de cerclage que nous avions failli réaliser jadis n’aurait été d’aucune utilité, ouf.

Fort de ce nouveau regard sur le problème, on prend la décision de refaire totalement le pignon, tout démonter, repartir sur base saine et remonter.

Tant qu’à remonter, pourquoi pas réinventer ?

hiver 2017

Evidement ! Nous décidons de prendre cette soue à bras le corps et de rapidement commencer de vrais travaux. Nous allons donc à la banque leur demander un crédit, qu’ils acceptent d’office pour autant que nous en fassions un gîte.

L’excitation est palpable, nous pourrions commencer les travaux rapidement si nous avons l’argent !

Donc on invente. Au vu qu’il faille démonter la moitié du pignon et une partie de la face avant, pourquoi pas remonter en bois ? Pourquoi pas agrandir ? Pourquoi pas un vrai chouette projet d’architecte… sans architecte ?

Nous avons pensé à un cube en bois qui viendrait se greffer à la partie existante et qui viendrait agrandir l’espace. J’en fais quelques plan rapide et nous allons, fort de notre enthousiasme à la Mairie de notre Commune demander un permis de construire. Seulement voilà, nous découvrons alors que dans le Plan d’aménagement du sol dans lequel se trouve notre terrain, un bâtiment de type agricole ne peut être transformé en habitation, même si celui-ci se trouve sur un terrain constructible ! Ouups;

Rendez-vous donc au département urbanisme de notre Communauté de commune afin d’y rencontrer la responsable en la matière. Elle nous confirme que notre projet n’est pas possible. Elle nous apprends aussi que nous pourrions construire une maison de plus de 100m2 juste à côté, autour ou derrière ce bâtiment, mais le rénover pour en faire une habitation c’est impossible !

Si c’est impossible, ça change tout ! Nous avons effectivement commencé ces travaux sans se soucier de savoir si c’était autorisé. Maintenant on le sait.

Mais c’est impossible que ça soit impossible …

Donc, re-rendez-vous à Ploërmel, mais cette fois en la présence de l’architecte conseil du Morbihan. Nous représentons notre projet de soue-bube-en-bois qu’il ne semble pas tellement apprécier au niveau esthétique. Dans la conversation il glisse par des sous-entendus qu’avec son étude il aurait déjà réaliser des rénovation de batiment agricole semblable au nôtre.. mais seulement à demi mot car c’est mettre en mal sa collègue qui est dans ce cas la représentante de la loi… mais pourquoi on peut pas ? C’est tellement injuste et dommage, pour le patrimoine et tralala..
Sur ces longues tergiversation peu confortables, je lui pose la question fatale : Mais qui vous dit que c’était une ancienne porcherie ? Elle me répond que c’est moi ! …

Un long silence s’installe.. C’est donc uniquement sur ma parole que tient ce refu…
Et si je vous disais que c’était un garage ? Elle sort alors ses papier, vérifie et me répond que c’est alors possible !

Alors c’était un garage ! Elle est quand même sympa ! L’excitation revient à plein poumons !

Notre projet de cube

Par contre pour l’effet cube ne bois, l’architecte nous conseille vivement d’y réfléchir, parce que cette idée ne lui semble pas en être une grande…

Nous y réfléchissons donc avec des amis et arrivons à la conclusion que ce qui nous plait dans cette histoire serait de ne rien dénaturer et créer une petite habitation traditionnelle au charme fou.

Nous démontrons le pignon et le remontrons à l’identique, ni vu ni connu.

On replonge donc dans les plans

La dernière idée en date était de se baser sur une image qu’on aimait bien, celle d’un lit sous un toit en pente, tout petit, tout cosy. On imaginait donc le toit sur un plancher en mezzanine, le reste en bas.

L’image qu’on aimait bien, l’inspiration de notre projet.

… et on réfléchi et on se dit qu’il serait bon d’oublier notre histoire de lit en mezzanine car nous imaginons que la majorité des locataires seront sans doute des retraités peu enclin à escalader une échelle de meunier afin de se retrouver sous une pente de toit si chère à notre envie ou alors de jeunes parents qui préfèreront sans doute dormir près de bébé et donc n’oseront pas l’emmener là-haut

C’est donc sur ces pensées que le chantier s’apprête à démarrer.

Les idées qui freinent

Octobre 2017

Mais voilà, une annonce sur le bon coin nous présente une Jolie maison à Loyat, la commune voisine. Je vais la voir et j’ai un vrai coup de coeur pour son jardin clos, sa situation au milieu d’un joli hameau à quelques pas du Lac au duc et la capacité de la maison à accueillir 8 à 10 personnes… On visite, on fait des plans, on est un peu triste de se dire qu’on va peu être mettre notre projet de soue un peu de côté.

Alors que je travaille sur les plans, je découvre qu’à y regarder de plus près, la façade est très peu harmonieuse et que le plafond des pièces du bas sont quand même très bas. Je commence à hésiter franchement lorsque nous rencontre le voisin maçon nous parle de cetet maison et de son état réel.

On abandonne, il y a trop de frais et elle est encore trop chère (45.000€).

La maison de Loyat

Mais cet épisode m’a donné l’eau à la bouche, nous sommes en fn Novembre 2017 et je commence à écumer les annonces du boncoin.. Il n’y a rien de très bon jusqu’au soir où je trouve L’annonce qui changera sans doute un peu notre vie : Une magnifique bâtisse en vente au numéro 1 d’une place de la Liberté à un prix hors du commun. C’est sûr que c’est un signe, le soir même je téléphone et n’en dort pas de la nuit, c’est aussi un signe. Le lendemain j’arrive pour la visite et j’annonce au propriétaire que je la prend, si la banque nous suit.

Cette fois c’est presque sûr, la soue est à nouveau mise entre parenthèse, à moins que… Nous l’intégrions dans ce nouveau projet.. 

Quelque jour plus tard, la banque dit oui pour le nouveau projet Liberté dans lequel nous intégrons en catimini le budget pour rénover intégralement notre Soue !

Maintenant il ne reste « plus qu’à » attendre la signature de l’acte d’achat de la Liberté qui débloquera les fonds nécessaire à payer les maçons qui réaliseront la première phase : reconstruire le pignon.

Nous attendrons plus d’un an pour signer mais c’est une autre histoire….

On commence avant l’heure

Tout début octobre 2018

Le notaire nous promet une signature imminente, mi octobre, nous décidons donc de programmer nos deux maçon géniaux à commencer le chantier.

Dans nos calculs, si tout va bien, quand ils auront fini de remonter le pignon et l’arase des murs, le projet Liberté sera signé et nous aurons les fonds pour les payer… Génial non ?

Mais ça ne se passera pas comme ça.

Le dossier Liberté se complique et se re-complique, le rendez-vous de signature est repoussé à deux reprises et finalement mis en suspend !

Comment payer nos hommes qui ont fini la première phase de la mission ?

Pour nous sortir de ce faux pas, on demande un aide (merci les parents) et on met en pause la maçonnerie. Normalement si tout va bien la signature se fera le 27 décembre, dans deux mois…

Ces tracas ne nous empêche par contre pas de commencer la charpente et le toit vu que la maçonnerie est à présent prête et que nous avions déjà payé une part à notre charpentier couvreur et que c’est un bon ami.

Alors, couvrons nous

Nous commençons donc le chantier TOIT. C’est incroyable l’excitation qui nous anime alors, enfin ce toit va commencer !

Mais le toit restera comme ça pendant un an… avec juste ces quelques bardeaux posé. Car, je me le suis avoué que plus tard, j’ai les chocottes en hauteurs. Je préfère alors me dire qu’il fait pas beau en ce mois de novembre et que je risque de glisser. Je me dis que dès les beaux jours, je viendrai continuer. Mais les beau jours venus, c’est Mauron qui me motive le plus…

La base.

Rien ne se passe jusqu’en Juin. Julien nous avait donné rendez-vous pour couler la dalle.

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